Considéré comme l'un des plus grands pianistes et pédagogues de la première moitié du XXe siècle, Alfred Cortot est né le 26 septembre 1877 à Nyon de père français et de mère vaudoise. Il débute le piano à cinq ans au Conservatoire de Genève, mais ses progrès sont tellement foudroyants que sa famille décide d'aller s'établir à Paris pour que le jeune Alfred puisse continuer son éducation musicale. Il est alors inscrit au prestigieux Conservatoire de Paris, à l'âge de neuf ans, où il reste élève pendant dix années.
Parcours de vie
C'est en 1896, après avoir obtenu un Premier prix de piano dans la classe de Louis Diémer, que débute véritablement sa carrière. Edouard Risler, répétiteur de Diémer, l'emmène en effet à Bayreuth où Alfred Cortot devient assistant et où il joue pour Cosima, la fille de Franz Liszt et épouse de Richard Wagner, dont l'œuvre le passionne. Il donne d'ailleurs la première exécution du Crépuscule des Dieux en France en 1902. Il ne se borne toutefois pas à Wagner, puisque nous lui devons aussi lors de cette année 1902 l'exécution du Requiem allemand de Brahms et de la Légende de Sainte Elizabeth de Liszt. En 1905, il fonde avec Pablo Casals et Jacques Thibaud un trio de musique de chambre dont la réputation sur la scène internationale grandit rapidement. L'activité du trio ne cessera qu'au début de la Seconde Guerre mondiale.À côté de ses activités d'interprète, Alfred Cortot mène une carrière d'enseignant. En 1907, souhaitant transmettre sa vision personnelle de la musique, il devient professeur au Conservatoire national de Paris. Dans son ouvrage intitulé Les Principes rationnels de la technique pianistique, Cortot a développé une méthode selon laquelle la subjectivité ainsi que la recherche personnelle propre à l'artiste doivent accompagner le travail digital et musculaire. Il est également l'auteur d'éditions de travail d'œuvres de Chopin, Schumann et Liszt. Excellent pédagogue, il eut bon nombre d'élèves qui furent d'excellents pianistes, comme Clara Haskil, Dinu Lipatti, Samson François, Setrak, Gina Bachauer, Yvonne Lefébure, Marcelle Meyer, Vlado Perlemuter, Magda Tagliaferro, Reine Gianoli, Jerome Lowenthal, ou bien encore Marguerite Monnot qui, avant de devenir la compositrice attitrée d'Édith Piaf, fut une concertiste talentueuse.Après une tournée aux États-Unis en 1918, il fonde en 1919 avec Auguste Mangeot, directeur de la revue Le Monde musical, l'École normale de musique de Paris qui porte désormais son nom. Résolument moderne et humaniste convaincu, Cortot veut que l’École comporte un cursus musical complet, avec l'étude approfondie d'un instrument, le solfège, l'écriture, l'histoire de la musique, la pratique du répertoire et de la pédagogie. Cortot souhaite aussi que l'enseignement soit complété par toutes les disciplines liées à l'expression artistique : la gymnastique rythmique, l'histoire de l'art en correspondance avec la musique, les langues vivantes. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est Haut-Commissaire aux Beaux-Arts du gouvernement de Vichy, membre du Conseil national. Collaborationniste déclaré et assumé, il fait également partie de ces pianistes français qui, à la demande des autorités allemandes, se sont produits à Berlin pendant l'Occupation. Ces faits lui vaudront quelques reproches sans réelle conséquence à la Libération.
Fin de vie
Alfred Cortot se fixe à Lausanne en 1945 et participe activement à la vie musicale de cette ville. Il a notamment donné des récitals en collaboration avec l'Orchestre de la Suisse romande (OSR) et l'Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL) ou même des cours d'interprétation au Conservatoire de Lausanne. Pour le remercier de ces mérites et de l'influence qu'il a exercée en Suisse romande, la ville de Lausanne lui confère le 8 janvier 1959 le titre de Bourgeois d'honneur.Il donne son dernier concert public au Festival de Prades en compagnie de Pablo Casals en 1958. La qualité de ses interprétations l'ont inscrit au Panthéon des pianistes et la qualité de son enseignement a permis à de nombreux pianistes d'épanouir leur talent.Alfred Cortot s'éteint à Lausanne le 15 juin 1962.
Sources
sites mentionnés ; Dictionnaire des musiciens suisse, Zürich, Atlantis Verlag, 1964, p. 82 [BCULMU06/BCUL/MU/fru/2008/02/12]