En 1961, à l'âge de quatorze ans, elle est repérée par le metteur en scène romand Benno Besson et joue dans
Sainte Jeanne des abattoirs de Bertold Brecht. Puis, à dix-huit ans, elle rejoint le Théâtre Populaire Romand (TPR) à La Chaux-de-Fonds, où elle joue pendant quelques années. En tant que comédienne, elle joue sous la direction d'autres grands metteurs en scène, comme Claude Stratz, Philippe van Kessel et Joël Jouanneau, et se produit en France, Belgique, Allemagne, Pologne et au Québec. En parallèle, elle commence à la fin des années 1970 une carrière de chanteuse et se fait connaître en participant au Printemps de Bourges en 1982. Elle reçoit alors des propositions d'engagement intéressantes et hésite à s'installer en France où elle aurait eu davantage d'opportunités pour développer sa carrière. Mais la naissance de son fils, en 1974, est déterminante dans son choix de rester au pays, près de ses racines. Enfin, Yvette Théraulaz fait quelques apparitions au cinéma, interprétant le rôle d'une pompiste, par exemple, dans
Les Petites fugues du cinéaste suisse Yves Yersin, dont le scénario s'inspire d'un personnage de sa propre famille. Yvette Théraulaz enregistre plusieurs disques, souvent inspirés de son expérience et empreints d'une volonté de révolte, d'affirmation des droits des femmes ou de justice sociale. Cela depuis son premier album,
Fais attention! (1978), jusqu'à
A tu et à toi (2005), qui lui permet de prendre de la distance par rapport à une rupture sentimentale, en passant par
Petit enfant (1981), sans doute inspiré par son fils, et
A Table!, double CD avec le concours de
Pascal Auberson ou encore par le célèbre
Histoires d'elles, inspiré par sa mère et par les femmes de sa famille. Elle prépare actuellement un nouveau tour de chant,
Les Années, d'après le roman d'Annie Ernaux, avec le pianiste vaudois d'origine américaine
Lee Maddeford. En tant que comédienne, elle joue en 2013-1014 dans une adaptation du roman
Crime et châtiments de Fedor Dostoïevski, dans une mise en scène de Benjamin Knobi, qui doit tourner, après une première à Dorigny en janvier 2013, à Sion, Treyvaux et Genève avant de s'exporter peut-être en France. Comédienne habituée aux rôles de battantes ou de femmes de caractère (
Penthésilée,
Le courage de ma mère,
Vera Baxter...), peut-être en raison de ses origines terriennes, Yvette Théraulaz reçoit, en 1992, le grand prix de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistique; en 2001, elle est désignée Comédienne de l'année par le Théâtre du Grütli à Genève. Enfin, elle est, en 2013, lauréate de l'Anneau Hans Reinhart, la plus haute distinction de la Société suisse du théâtre qui récompense depuis 1957 "des trajectoires artistiques exceptionnelles qui font briller la vie théâtrale du pays", selon les termes de l'Office fédéral de la culture (OFC) qui soutient ce prix depuis douze ans. Yvette Théraulaz vit actuellement à Lausanne et multiplie les projets et engagements, ne songeant pas un instant à la retraite. Son fils,
David Deppierraz, est scénographe et réalisateur et s'occupe du collectif Octopus.