Création : mai 1968, par l'ensemble polonais MW2 et Martine Jeanneret dans le rôle de la récitante muette, à Berne, puis à Genève lors du 5ème Diorama de musique contemporaine organisé par la SIMC. «Cette œuvre provoqua dans la presse musicale des discussions animées; pour certains il s'agissait d'un manifeste esthétique, d'une polémique dirigée contre certaines tendances théoriques de la musique d'avant-garde; pour d'autres, ce n'était qu'une plaisanterie ironique sans prétention. Ses détracteurs voyaient dans le texte des allusions méchantes aux thèses des théoriciens polonais, allusions dirigées par exemple contre les défenseurs de la musique aléatoire, qui soutenaient que cette technique ouvrait des perspectives sur l'infini (vu les variantes infinies qui sont possibles lors de l'exécution d'une œuvre aléatoire). Evidemment qu'ils se sentirent directement concernés lorsqu'ils entendirent la récitante muette dire: il existe un nombre infini de manières de ne pas jouer cette œuvre. Parmi les critiques qui parurent alors dans la presse, la plus importante est certainement celle d''Adam Walacinski (dans Forum Musicum n ° 8, p. 44-45, 1970): «personnellement, je traite l'œuvre de Constantin Regamey comme une provocation intellectuelle, plus intellectuelle que musicale, visant l'enveloppe philosophique (ou plutôt certains points de cette enveloppe) qui entoure la musique actuelle d'un nuage trop peu transparent. Je ne doute pas que l'auteur se rende très bien compte de l'importance de certains problèmes musicaux; problèmes qu'il approche en marge de son Théâtre musical, mais qu'il traite d'une façon trop personnelle, ce que reflète par exemple la récitante muette lorsqu'elle dit« To be or not to be B flat minor». Le public polonais fut très rieur, car il avait immédiatement saisi le côté farce de l' œuvre, et compris à qui s' adressait cette farce. Quant à l'auteur, étant anonyme, il ne se prononce pas à ce sujet - bien que tout le monde sache qui est l'Anonymus Helveticus!» (Jürg Stenzl, Constantin Regamey, l'œuvre, notes dactylographiées). Voir aussi monographie de Nicole Loutan sur Constantin Regamey, page 78.