Résumé

La bande dessinée ne constitue pas, de prime abord, un objet « digne » de figurer dans un corpus gymnasial. Genre littéraire secondaire, accessible aux adolescents, historiquement marginal : les lieux communs ne manquent pas pour expliquer son absence au Secondaire 2. Parler de soi, parler SIDA. Articulation entre le récit de soi et la graphiation dans Pilules bleues de F. Peeters va à rebours de ces présupposés. Nous défendons dans ce mémoire la lecture intégrale de Pilules bleues du Genevois Frederick Peeters, un roman graphique de 2001 qui offre à la littérature romande un grand succès public et critique. En racontant sous un mode autobiographique, sa rencontre avec sa compagne séropositive, Peeters propose le récit intime de la construction d’un couple, d’une famille recomposée, et le quotidien marqué par les traitements et la lutte contre le VIH. Usant d’un style très personnel, refusant l’esquisse préalable, Peeters parvient à traduire visuellement l’intimité de sa famille en empruntant certains ressorts propres au journal intime. La séquence didactique proposée dans le cadre de ce mémoire permet d’aborder les genres littéraires de l’autobiographie et du journal, de travailler les régimes de focalisation, d’outiller les élèves pour désigner les pratiques de la bande dessinée, de discuter de prévention et de maladies sexuellement transmissibles, et –surtout– d’initier les élèves au plaisir de l’analyse stylistique. Si l’on surmonte les réserves élitistes qui entourent encore trop souvent le 9e art, nos acquis démontrent la richesse didactique que peut apporter la littérature romande contemporaine.

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