Résumé

Au cours des deux dernières décennies, les progrès dans le domaine des neurosciences ont été considérables. Parallèlement sont apparus plusieurs ouvrages utilisant et interprétant les résultats des neurosciences dans le domaine de l’apprentissage et de la pédagogie. Certaines méthodes pédagogiques issues de ces interprétations prétendent favoriser un apprentissage accéléré, mais elles ne sont pas appuyées par des résultats empiriques. Les liens entre le fonctionnement du cerveau et l’apprentissage affiché dans ces méthodes sont souvent flous ou le résultat d’une interprétation abusive des résultats de recherche. Ce phénomène a donné naissance à de fausses croyances appelées des « neuromythes ». Dans ce mémoire, nous nous sommes intéressés aux représentations qu’ont les élèves du primaire et du secondaire 1 par rapport à quatre « neuromythes » : les modalités d’apprentissage visuel / auditif, l’utilisation préférentielle d’un hémisphère cérébral, l’idée que l’on n’utiliserait que 10% de notre cerveau et que l’on serait moins concentré après la consommation de produits sucrés. La diffusion de ces neuromythes a été considérablement étudiée chez les enseignants et les résultats des recherches montrent que de manière générale les enseignants adhèrent fortement à ces mythes. Ils adhèrent plus particulièrement à celui concernant les modalités d’apprentissage visuel / auditif et à celui concernant l’utilisation préférentielle d’un hémisphère cérébral. Par contre, rare sont les études se rapportant aux neuromythes parmi les élèves de la scolarité obligatoire. Nous avons réalisé une enquête, au travers d’un questionnaire, auprès de 153 élèves du primaire, du secondaire 1 et du cycle de transition. Les résultats indiquent que les élèves adhèrent fortement au neuromythe visuel / auditif, mais beaucoup moins aux trois autres neuromythes étudiés. De manière générale, les élèves ont rarement entendu les enseignants et leur entourage parler de ces neuromythes. Nous constatons, tout de même, qu’un lien existe, pour les quatre neuromythes, entre le fait d’en avoir entendu parler et l’adhérence à ce dernier. L’adhérence aux neuromythes pourrait attribuer aux individus des caractéristiques stéréotypées (par exemple désigné un individu de « visuel » ou de « cerveau droit ») et fausser ainsi la représentation de l’identité qu’un individu a de lui-même. De la même manière que les stéréotypes de genre, cet étiquetage pourrait avoir des effets négatifs sur le sentiment d’auto-efficacité des élèves. Pour intensifier l’action visant à éradiquer ces fausses croyances parmi les enseignants, il est important de mieux connaître l’étendue de la diffusion des neuromythes ainsi que leurs origines.

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