Résumé

Lors de mon stage en école professionnelle l’année passée, j’ai été frappée de la non-mixité des classes dont je m’occupais et des difficultés particulières auxquelles étaient confrontés ces jeunes. J’ai postulé que le fait que ces garçons se trouvent dans des classes non-mixte exacerbait une socialisation masculine néfaste en termes de réussite scolaire. J’ai donc voulu observer ce que le genre et la classe sociale avaient comme effet sur la formation. Ce travail propose donc d’interroger les effets de ces deux variables séparément avant de tenter d’établir les effets spécifiques que leurs intersection est à même de produire. Les travaux de Bourdieu et de Passeron nous montrent que plutôt que d’être un facteur de nivellement ou d’égalisation, l’école est une machine à reproduire les inégalités sociales. Pire encore, en occultant sa fonction de reproduction et en maintenant l’illusion de l’égalité de traitement, elle sert de moyen de légitimation de la domination. La différence sexuée - le genre - traverse la vie des individus de leur naissance à leur sortie de formation, et encore au-delà. En prenant en compte les attentes des enseignant.e.s, celles des élèves, leur comportement en classe, leurs aptitudes dans telle ou telle matière, le contenu des branches enseignées, les filières choisies, il y a quasiment aucun aspect de l’école qui ne soit pas traversé par le genre. Le sexe des élèves détermine donc fortement leur parcours scolaire, leur choix de formation et par conséquent leur parcours social. Malgré cela, les filles, toutes classes sociales confondues, réussissent mieux que les garçons. Le fait que les filles en tant que groupe remettent plus en question les rapports sociaux de sexe semble être un facteur explicatif de leur plus grande réussite scolaire, le groupe particulièrement perdant se trouvant être les garçons issus des classes populaires. En effet, ils constituent le groupe qui perçoit le genre comme le plus ontologique, et pour lequel cette vision du monde est le plus grand frein. Les résultats de cette brève recherche théorique tendent à montrer que les jeunes en formation auraient tout à gagner à être en mesure d’aborder le genre de manière plus souple et plus réflexive, mais surtout les garçons et plus particulièrement les garçons issus des classes populaires.

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